Tuer les vieux, jouir ! (Félicien Champsaur)

Le sous-titre Roman vache, mœurs du temps constitue un parfait résumé de ce roman aussi palpitant que profond.

Félicien Champsaur, admiré de Hugo et Verlaine, grand ami d’Octave Mirbeau à qui il emprunte sa plume acérée, nous offre ici une tragédie drôlatique : au lendemain de la boucherie de 14-18, les jeunes envoyés au front ont du mal à constater que, pendant qu’ils se faisaient trouer la panse pour les industriels, les vieux qui restaient bien planqués à l’arrière faisaient prospérer leurs affaires sur le dos des pioupious envoyés à l’abattoir.

D’où le cri de ralliement qui donne le titre à l’ouvrage : la jeunesse qui revient du front exige que justice lui soit rendue et n’a plus de temps à perdre. Étienne, fils d’industriel métallurgiste, en fait partie et cherche, par les moyens les plus violents, à soustraire à son paternel usine, femme, héritage. Tout lui est dû.

Sous couvert d’une intrigue haletante, d’une plume vive, cynique, drôle et juste, Champsaur traite, en 1923, un sujet original que notre époque ignore totalement. Son chapitre médian, Intermède : radotage sur la montagne, discours acerbe contre cette jeunesse devenue odieuse, mais contre cette aréopage de sages qui refusent de lui laisser les rênes du pays, est un beau pamphlet finalement plein d’amour pour cette humanité souffrante.

Un véritable coup de cœur pour cet auteur injustement méconnu !

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