Promesse faite au croyant, les houris sont ces vierges languissantes qui peuplent le paradis.
Fajr (Aube) est une jeune femme porteuse d’une trachéotomie enceinte de quelques mois, qui s’adresse à son bébé pour raconter son histoire. Elle a vécu dans la région d’Oran l’enfer des années 1990 : massacre des villageois dans toute l’Algérie par des milices islamistes. Des centaines de milliers de morts.
La guerre d’indépendance figure dans les livres d’histoire mais celle-là est à peine digérée et surtout peu racontée.
Kamel Daoud emprunte la voix de Fajr, puis d’un homme libraire et nous plonge dans l’horreur absolue. Son propos est bien sûr de dénoncer, mais dans une langue poétique magnifique. Son roman superpose plusieurs strates autour du massacre, du sacrifice au couteau : celui du mouton, celui des villageois par familles entières.
La tendresse de la jeune maman qui parle à son bébé nous écorche d’autant plus à la lecture de ces lignes. Le roman s’achève cependant sur une éclaircie et sur la vie.
Né en 1970 à Mesra (wilaya de Mostaganem), Kamel Daoud est journaliste au Quotidien d’Oran. Il y tient la chronique « Raïna Raïkoum », réputée pour son franc-parler et la clarté de ses analyses. Il a publié en Algérie des recueils de nouvelles et de chroniques et travaille actuellement à un roman. En 2014, son roman « Meursault contre-enquête », sélectionné pour le Goncourt et le Renaudot, obtient le prix François Mauriac et se voit décerner le prix Goncourt du premier roman en 2015.