Seul ouvrage de son auteur, ce roman écrit en yiddish par un poète russe et juif est un témoignage poignant de sa vie de prisonnier politique, suite à son engagement dans la révolution de 1905.
Il se déroule en trois parties : Leivik est jeté au cachot et forcé de le partager avec un autre bagnard dans l’obscurité et la promiscuité ; puis il cohabite avec sept autres détenus, politiques ou de droit commun, tous condamnés aux travaux forcés (une pièce de théâtre pourrait bien en être tirée!) ; enfin il traverse la Sibérie à pied dans un long cortège de prisonniers qui vont recouvrer leur liberté en exil.
Le contraste est complet entre l’inhumanité de ses conditions de détention, l’injustice d’être emprisonné pour ses opinions, la violence de certains geôliers et l’incroyable force vie qui anime ces jeunes hommes. Toujours, l’humanité se fraie un chemin : un gardien leur fait des faveurs, les villageois de Sibérie leur distribuent des la nourriture, les prisonniers sont incroyablement solidaires.
La survie semble reposer sur de petits miracles. La foi juive de Leivik transparaît largement. C’est un intellectuel, qui aborde, comme Dostoïevski, la question du crime et de la justice : mérite-t-on jamais sa peine?